jeudi 20 juin 2013

Un matin, un lapin... - Le jour où j'ai accouché #7

Nous sommes dimanche 5 août 2012. Notre fils est "dû" pour aujourd'hui ! ;-)
Depuis deux jours j'ai des sensations dans le bas du ventre surtout le soir.
Notre sage-femme L. passe ce soir. Elle me dit que tout est prêt, dans quelques jours au plus tard il sera là.
Il est tête en bas, a priori d'un poids "normal" et je vais bien.
Dans la soirée j'appelle ma maman pour lui faire un petit compte-rendu.
Nous regardons les JO de Londres. L. m'a conseillé de prendre un bain en allant me coucher, cela me fera du bien. J'aime les bains, mais vite ça me saoule et j'en sors.
Ce soir, je monte, fais couler l'eau et m'y glisse avec une revue de fille.
Quelques douleurs un peu plus précises se font sentir. Je suis dans ma lecture.
Il fait chaud dehors, une canicule arrive.
Et curieusement je ne vais pas sentir l'eau du bain rafraîchir. Surprise je remarque que cela fait une bonne demie-heure pourtant que je barbote.
A partir de là, tout va s'enchaîner. La notion du temps pour moi va s’altérer.
Je sens que ça commence à vraiment "piquer" ;-).
Je me couche. Mais il me semble que très vite il faut que je me relève pour gérer le pic de douleur tout à fait supportable.
L'Homme est monté entre temps, il s'est couché et a amené le ballon et la galette que nous a prêtée notre sage-femme, posée sur un petit tabouret Ikea je peux bien bouger du bassin.
Je comprends que ce sont les contractions.
Cette partie de la nuit me semble courte.
Je missionne l'Homme de contacter la sage-femme pour la tenir au courant. Celle-ci nous dit de continuer à la tenir au courant. Nous échangeons des SMS.
Entre chaque contraction je me rallonge. Mon souvenir me fait revivre 4 ou 5 contractions maximum, en regardant les textos ensuite, il se sera passé deux bonnes heures je pense entre la fin de mon bain et l'arrivée de L., notre sage-femme.
Les contractions augmentent, j'ai souvenir que j'ai de moins en moins de temps entre chaque pour retourner m'allonger sur mon lit.
Je vais aussi aux toilettes et remarque que je perds pas mal de parties de mon bouchon muqueux, jusqu'à complètement, et qu'ensuite je pense m'oublier sur le lit : non, je viens de perdre les eaux.
Au vu de la rapidité des contractions et de la perte des eaux, la sage-femme arrive.
Elle me propose de prendre un bain, je n'étais pas trop partante, j'avais l'impression d'en sortir, mais je sens que c'est un bon conseil.
Il fait nuit noire.
Depuis de longues minutes mon travail se fait à la lumière de nos lampes de chevet.
Dans le bain, je demande à l'Homme d'allumer la grosse bougie offerte par ma doula lors du moulage de mon ventre et d'éteindre toutes les autres lumières. Elles m'agressent.
Dans la pénombre, je commence à lâcher prise sur ce qui m'entoure. Les contractions sont très présentes, de plus en plus fortes.
L.est là sans que je m'en rende compte.
Elle et l'Homme se partagent le travail : l'un me tient la main, l'autre me masse le dos, à tour de rôle.
Je suis sur le côté dans l'eau.
Je ne suis plus là. Je suis dans mon corps, je sens l'eau, je n'ai pas de forces, c'est à celui qui me tient la main de la serrer fort. Aucun de mes deux compagnons ne doit me quitter, me laisser, arrêter de me tenir.
Au bout de d'un temps qui me semble moyen, je suis toute ankylosée. J'ai été sur le côté tout le temps de ce travail dans l'eau. Je commence à avoir plein de fourmis dans certains membres. La position ne me convient plus, il faut que je bouge.
Je sors de l'eau et m'installe sur mon lit, en chien de fusil, en travers du lit.
De nouveau, notre sage-femme ou l'Homme doivent me tenir la main et me masser le dos, j'interdis à mon cher et tendre de me lâcher.
Je me sens sans forces et celui qui a ma main doit la serrer, encore et encore.
Les contractions sont très rapprochées, je suis complètement dedans, les temps de pause sont minimes.
A un moment, je sens que cette position n'est de nouveau plus confortable, je me mets sur le dos et ouvre les jambes. C'est le signe, je dois réellement changer de position.
Je m'accroupis au pied du lit. Mon homme fait de même juste en face de moi. Nous lions nos mains et nos bras. Les siens s'en souviendront quelques jours !
L'avantage de la posture, je suis confortable pour le travail et peut poser le haut de mon corps sur le lit pour le repos, sans aucun effort.
Les phase de repos sont minimes, j'ai du mal à reprendre mon souffle au sens figuré.
Ce sont d'abord la suite des contractions, elles s'enchaînent comme des folles. L. confirmera qu'elles étaient bien rapprochées et ne m'ont pas laissé beaucoup de répit.
Puis arrive le début de la fin, la/les poussée(s).
A ce moment ce sera le plus difficile, il y a encore beaucoup de contractions et je dois apprivoiser ce nouveau mouvement de mon corps que sont les poussées. Je mets quelques cycles à gérer mon souffle.
Et puis les contractions se font moins présente, plus légère, et les poussées prennent la place. Elles sont étonnantes, mais il y a une ou deux minutes entre chaque d'après la sage-femme.
Avec l'Homme nous nous avouerons avoir fait un certain nombre de mini-sommeils pendant ces pauses, pour récupérer.
Très régulièrement je demande à notre sage-femme quand ce sera la fin. Je n'en peux plus, je pleure souvent pendant la poussées et retrouve mon caractère pendant les pauses. Invariablement et calmement elle me dit qu'elle ne sait pas quand ce sera la fin, mais qu'à 10h ce matin, c'est certain, notre enfant sera là.
Je me souviens avoir regardé le radio-réveil, encore et encore, mais je n'ai aucun souvenir de l'horaire.
Je suis dans ma bulle, cette fameuse bulle de l'accouchée. Elle m'est indispensable. J'ai une vague conscience de ce qui se passe autour de moi, la sage-femme qui change les tissus sous moi, qui change l'eau pour me passer un linge sur les reins, qui change de positions pour tenter d'appliquer ses mains pour m'aider ou suivre mes mouvements.
Mon Homme en face ne me quittera à aucun moment, de toute façon, dans la douleur, je le lui ai interdit. Constant et présent, il est ma bouée.
A un moment la sage-femme me dit qu'elle commence à voir de petits cheveux !!!
Sa tête est plus grosse que prévue ajoute-t-elle. L'information me laisse tranquille, arrivée à ce point, je m'en fiche, il doit sortir, il sortira !
J'essaye de me figurer le chemin que fait la tête de mon bébé. Cela m'aide doucement.
Dans cette étape, mon corps et celui de mon bébé sont en osmose pour me demander de pousser, la tête de mon bébé descend, à chaque poussée la tête gagne quelques millimètres, puis elle remonte. C'est cette remontée qui me fait mal.
Quand je pousse je broie les mains et les bras de mon cher mari. Quand la tête remonte, je tente de retrouver mon souffle, cette "grosse" tête remonte toute seule.
Petit à petit elle gagne du terrain.
J'avais lu qu'arrivée près du bout, l'ouverture finale brûlait, je m'attendais à cela, et finalement, non. Je ne l'ai pas remarqué.
Je sens qu'on touche le bout, mais malgré ma question récurrente "ça finit quand ??", je nous pense encore plus loin.
Les efforts sont plus intenses et au moment donné je sens qu'il faut y aller à fond. J'ai souvenir de deux poussées finales.
Notre sage-femme a juste le temps de demander à mon Homme de venir recevoir le bébé.
Et c'est la délivrance. Le mot est bien trouvé. Je sens que je suis délivrée. Mon bébé est sorti et enfin tout retombe.
Je m'allonge sur le lit, mon bébé sur le ventre. Il crie, encore et encore.
Il est 7h44, ou presque. 7h44, c'est l'heure à laquelle depuis plusieurs semaines nous mettons le réveil. À quelques minutes près, on choisit ce clin d'oeil.
Notre sage-femme nous demande comment nous souhaitons l'appeler.
Nous nous regardons. Sommes-nous toujours d'accord ?? Oui ? Oui ? Ok, ce sera Lapin ! les dés en sont jetés !
Puis il sera temps d'expulser le placenta.
On m'avait dit, tu verras, tu es tellement contente d'avoir ton bébé sur le ventre que tu ne sentiras rien.
Peanuts...
J'ai mon bébé sur mon ventre, et je sens la morsure des contractions me reprendre. L'Homme est fini. Le bébé est là, il est aussi fatigué que moi, mais est maintenant dans une sorte d'ailleurs, d'outre-fatigue. Comme pendant le travail, je ne suis pas capable de serrer ma main, j'ai besoin qu'il le fasse, mais il n'est plus là. Il ne comprends pas. Je franchirai donc cette dernière étape seule.
Je sens chez la sage-femme une mince crainte car le placenta ne sort pas assez vite.
Et puis il sort, et c'est de nouveau une délivrance, je sens qu'enfin tout est fini.
Le Nouveau Papa va couper le cordon.
On enroule notre enfant dans un lange et une couverture. On tente de faire tenir un petit bonnet sur sa tête. Mais on va se battre, il ne tiendra pas ;-)
Cher Mari va nous acheter de quoi déjeuner et les journaux du jour !
Je tente de le mettre au sein, c'est douloureux. Je crois qu'il n'y a pas été longtemps, mais ce n'est pas grave. Il le reprendra plus tard. Je crois qu'il va dormir.
Notre sage-femme m'accompagne aux toilettes, je vais dans la douche pour au passage me nettoyer sommairement, et fini finalement par prendre une douche, cela me fait tellement de bien !
Elle nettoie sommairement la chambre. Je me couche sous la couette avec ce petit Lapin. Le Nouveau Papa nous rejoint. Notre sage-femme descend au salon remplir ses papiers et nous laisser tous les trois.
Sur le torse de son père le Lapin lève vaillamment sa tête pour regarder le monde, déjà !
Il fait beau, ce sera une belle journée.
Nous passons la matinée au lit tous les trois.
Nous appelons nos parents, nos proches, quelques textos.
Et dans l'après-midi mes parents arriverons.
Notre sage-femme va repasser pour examiner notre bébé, Lapin est pesé, 4kg100, et mesuré entre deux livres de la collection La Pléiade, chic !! Mesure ensuite révisée ensuite par plusieurs mesures familiales et confirmée, il fait 55cm.
Ma maman s'occupera de faire une lessive, préparer un repas. Ma soeur viendra pour dîner. J'ai faim, je sors d'une épreuve physiquement ! Je mangerai tranquillement à l'étage.
Je ne crois pas avoir eu la force de descendre.
Mes parents, ma soeur et mon Homme partageront un dîner avant que mon Mari prenne enfin une bonne douche et que nous profitions d'un bon sommeil.
C'est le début d'une semaine un peu hors du temps grâce à nos parents, et de notre vie à trois !

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Si toi aussi, tu souhaites publier ici "Le jour où tu as accouché", n'hésite pas à m'envoyer un mail à mamanature49@gmail.com.


Un grand merci à ¨M. pour avoir partagé ce témoignage avec moi et accepté qu'il soit publié.
Ces mots lui appartiennent, merci de ne pas les recopier. 
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mardi 18 juin 2013

Il n'y a pas de petites claques...

Aujourd'hui, je tenais à écrire sur quelque chose qui me tient vraiment à coeur. Pour la première fois aujourd'hui, j'ai entendu à la radio parler de violence éducative ordinaire. Les médias s'intéressent cette semaine aux châtiments corporels subis par les enfants puisqu'une campagne débute le 22 juin sur le thème : "il n'y pas de petite claque".



Je ne peux que saluer cette initiative qui je l'espère amènera le plus grand à prendre conscience des conséquences que peut avoir la violence éducative sur nos enfants (oui, même une petite tape sur la main, oui même une petite claque sur les fesses) et à réfléchir aux alternatives à la fessée (oui on peut élever ses enfants sans fessées ni punitions ET en posant des limites).

Et surtout, j'espère que cette campagne fera encore avancer le débat sur la nécessité d'une loi visant à protéger les enfants des coups de leurs parents et à interdire les châtiments corporels. 2 enfants par jour meurent sous les coups de leurs parents. C'est innacceptable. Je suis vigoureusement POUR une loi interdisant les châtiments corporels pour protéger les enfants de l'escalade de la violence, d'un coup qui part trop fort et de toute forme de violence dite "éducative".

Je vous invite à lire cet article décrivant la campagne, vous pourrez y retrouver la vidéo qui sera prochainement diffusée sur vos écrans.
Et je vous incite fortement à lire également cet excellent article de Working mama sur les violences éducatives: http://www.working-mama.fr/working-mama-sinterroge/etre-enfant-et-mourir-sous-les-coups-linfame-constat.

Pour trouver des alternatives à la violence éducative, n'hésitez pas à vous renseignez autour de vous s'il existe des associations de parents (pour les parents du Maine et Loire, vous pouvez aller du côté de l'association Apala-Parents en Layon - blog ici ou de l'association Une nouvelle Naissance), des ateliers de communication non violence selon l'approche Faber et Mazlish (voir ici s'il existe des ateliers près de chez vous: http://www.legrandatelierdesparents.fr/)... 

Vous pourrez également trouver des ressources dans des ouvrages tels que (liste non exhaustive):
Parents efficaces de Gordon, les ouvrages de Faber et Mazlish, les livres d'Isabelle Filliozat (et notamment de l'excellent "J'ai tout essayé"), les ouvrages de Catherine Dumonteil-Kremer, les magasines Pep's et Grandir Autrement...

Et du côté d'internet et des blogs:


"Pourquoi appelle-t-on cruauté le fait de frapper un animal, agression le fait de frapper un adulte et éducation le fait de frapper un enfant ?"
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